Je suis pour que tout co-existe


Je suis pour que tout co-existe.


Je suis pour tout ce qui existe
Je suis pour que tout coexiste
Le et n’a pas éliminé l’esperluette
Et je n’ai pas tourné ma veste
Si je suis pour B.H.L et MANCHETTE[1]
Si je suis pour Belin et Hachette 
Je suis pour tout ce qui existe
Je suis pour que tout coexiste 
Le communard, le révolutionnaire, le royaliste
Non, je ne me suis pas trompé de liste
C’est si beau la diversité en piste
Tuez l’uniformité trop triste. 

 Je suis pour tout ce qui existe
Je suis pour que tout  coexiste 
Les végétariens, les végétaliens et les crudivores
Les unicistes, les holistes et les carnivores
Les idées flottent de bâbord à tribord
Les chemins se font de Compostelle à DEBORD[2]. 

 Je suis pour tout ce qui existe
Je suis pou rque  tout  coexiste 
Les honnêtes, les vilains, les malins et les filous
Du gouvernement au plus petit voyou
Tous se risquent et se jouent
Du lendemain si difficile mais tout le monde est debout.
Je suis pour tout ce qui existe
Je suis pour que tout i coexiste
 L’art mineur, l’art majeur, le néo
L’ancien, l’ancêtre, la vidéo et la radio
Classique ou moderne c’est du pipeau
Le courant ne se met pas sur le dos. 

Je suis pour tout ce qui existe
Je suis pour que tout  coexiste
 J’aime les livres dans ma bibliothèque
J’aime le web et tous ces métèques
Je surf sur l’australopithèque
Le monde est une artothèque.

 Je suis pour tout ce qui existe
Je suis pour que tout  coexiste 
Je veux vivre avec mes contradictions
Je veux vivre sans addiction
Je veux vivre sans payer l’addition
Je veux vivre avec tous sans exception. 

Je suis pour tout ce qui existe
Je suis pour que tout  coexiste
 Mais je ne veux pas de l’enfer sur la terre
Je ne veux pas de tout ce nucléaire
Qui tuera pères, beaux-pères et belles-mères.
Le jour d’après il sera trop tard, pour passer la marche arrière. 
 Je suis pour tout ce qui existe
Je suis pour que tout  coexiste
Mais je ne veux pas de l’enfer sur la terre
Le jour d’après il sera trop tard, pour passer la marche arrière.  

 Isabelle NICOLAS, Paris, le 28 avril 11 

 [1] Jean-Patrick Manchette, né le 19 décembre 1942 à Marseille, mort le 3 juin 1995 à Paris, est un écrivain français, auteur de romans noirs, critique littéraire et de cinéma, scénariste et dialoguiste de cinéma, et traducteur. Reconnu comme l'un des auteurs les plus marquants du polar français des années 1970-1980, il est également connu pour ses opinions d'extrême-gauche.   

[2] Guy Debord (1931-1994) est un écrivain, essayiste, cinéaste et révolutionnaire français, qui a conceptualisé[1] ce qu'il a appelé le « spectacle » dans son œuvre majeure La Société du spectacle (1967). Il a été l'un des fondateurs de l'Internationale lettriste (1952-1957) puis de l'Internationale situationniste (1957-1972), dont il a dirigé la revue française.

Les Moyens d'Actions Institutionnels du DALO 
samedi 21 mai 2011 23:32
Le droit au logement opposable est un droit ouvert depuis mars 2007 qui a été établi pour ceux dont l’accès au logement est difficile. La loi, dite loi DALO, a été mise en application à partir du 1er janvier 2008 et au mois de décembre de cette même année, l’usager pouvait saisir le Tribunal Administratif.
 Dans l’histoire de la justice française c’est le premier droit opposable de nature essentiellement économique et cela est un grand pas vers l’ouverture des droits fondamentaux aux personnes qui en sont le plus éloignées. Jusque là, aucun des textes qui affirmaient le droit au logement n’était suffisamment contraignant pour obliger l’Etat, les collectivités locales, les bailleurs sociaux à prendre en compte la situation du logement social.Une loi garantissant l’exercice effectif de ce droit se devait de voir le jour et c’est ce qui a eu lieu grâce à la mobilisation de plus de 50 associations, mouvements et syndicats.
 La loi DALO a commencé à faire bouger les lignes, elle a rendu possible, avant même que les Préfets n’interviennent, par le seul fait de la “labellisation” des demandeurs, le logement de familles qui en étaient dépourvu depuis bien trop longtemps.Cette loi a permis le relogement d’un grand nombre de familles mais cela est encore insuffisant car des dossiers reconnus prioritaires n’ont toujours pas eu de propositions. Cette situation fait mauvaise presse dans les médias alors que la loi est une avancée juridique mais il faut faire pression sur l’Etat pour qu’il accomplisse son devoir car les familles qui sont allées jusqu’au bout de la procédure et sont toujours en situation d’attente sont démoralisées.Il est en effet éreintant de faire toutes les démarches possibles en vigueur pour ne rien obtenir au final, c’est pour cela que le « Collectif des Oubliés du DALO » a manifesté le jour de la fête des mères, pour rappeler l’obligation de l’Etat. Ce collectif, qui représente 200 familles non relogées sur Paris n’est qu’une portion de l’ensemble des foyers qui attendent d’avoir un toit au dessus de la tête car tout le monde ne fait pas forcément partie d’un collectif et n’a pas la possibilité de rejoindre un tel mouvement. En plus de ce type d’action, il faut en trouver d’autres pour pouvoir se faire entendre de différentes manières car chacun doit pouvoir trouver son émancipation dans la forme qui lui convient. Le sociologue René LOURAU dans L’analyseur Lip1 recense quatre modes d’actions :
- le mode d’action institutionnel,
- le mode d’action anti-institutionnel,
- le mode d’action non-institutionnel et le
- mode d’action contre-institutionnel.

Pour élucider ces modes d’action, je continue à citer l’auteur :

« Le mode d’action institutionnel »
 Cette notion, d’allure juridique, a été utilisée, par exemple à la Libération, par les mouvements d’action catholique pour lesquels elle signifiait une ouverture sur le monde, un refus du ghetto. En généralisant la formule, on lui fait désigner des actions qui s’inscrivent dans le jeu habituel des institutions.

« Le mode d’action anti-institutionnel »
La notion est plus ou moins présente dans les courants libertaires ou ultra-gauche les plus récents, par exemple dans l’éducation, la psychiatrie, la recherche en sciences sociales.

L’action violente, illégale fait immédiatement partie du « mode d’action non-institutionnel »
.1 René LOURAU, L’analyseur Lip, Paris 6ème, Union Générale d’Editions, 10 /18, 1974,187p.PDF Creator - PDF4Free v2.0 http://www.pdf4free.com

« Le mode d’action contre-institutionnel » se définit par la création d’une alternative par rapport aux institutions existantes […]L’Etat est le garant du droit au logement mais il n’est pas le seul acteur à faire avancer ce droit : les associations, les syndicats, les collectifs sont omniprésents pour que ce qui est énoncé dans les textes soit concrétisé par des faits ; ils agissent de façon institutionnelle bien que certaines de ces organisations aient parfois des actions anti-institutionnelles.

 Même s’il est légitime de se demander quelle est la meilleure façon d’agir, l’important est que chaque organisation puisse choisir le mode d’action qui lui convient le mieux tout en acceptant que l’autre puisse agir différemment et/ou fonctionner dans des espaces intermédiaires dans le but d’une évolution constructive en faveur de ceux qui sont mis à l’écart du progrès social. Le premier mode d’action décrit revêt une allure juridique qui génère un contentieux.En effet, lorsque le citoyen est allé au bout de ce qui lui est juridiquement permis dans le cadre de la loi DALO, il a encore la possibilité de saisir l’Etat par l’intermédiaire du Préfet pour demander une indemnisation, ce qui implique de saisir le Tribunal Administratif. Nous sommes en train de vivre une situation intéressante car les trente demandes qui ont été déposées ont reçu un bon accueil de la part de la part de la Présidente du Tribunal Administratif qui a fait savoir qu’elle souhaitait fixer des dates d’audience avant les vacances.Pour une telle juridiction, on s’attendait à des délais beaucoup plus longs. Lorsque la justice s’empare avec une telle énergie d’un dossier pour faire appliquer une loi elle rejoint ainsi l’action du citoyen qui se bat pour faire reconnaitre ses droits.
 Quand le combat de l’instituant et de l’institué coïncident on peut espérer que la demande des demandeurs aboutisse et que la minorité se voit attribuée d’un poids légitime face à une majorité écrasante qui a l’habitude de faire davantage appliquer son propre fonctionnement plutôt que la loi votée. Si la situation des plus démunis doit représenter la finalité de l’institution il faut sans cesse recomposer et repenser l’espace de légitimation. Les groupes de pression qui s’exercent sont la vigilance indispensable pour pointer les dysfonctionnements d’un jeu institutionnel pour reconquérir son je et exister en tant qu’être humain à part entière. Lorsqu’une personne est privée de son logement, comment peut-elle exister au milieu des autres, quelle est son identité, comment peut-elle avoir une estime d’elle-même ? Tant de questions, tellement de souffrance, alors pour ne plus vivre en sous France mais dans un pays où enfin les mots Liberté, Egalité,Fraternité auront un sens pour nous tous sans exception, il est important d’agir selon des axes multiples en réinterrogeant sa théorie pour ne point rester figé dans un discours.

Le principe du droit au chômage est de fournir au travailleur involontairement privé d’emploi un revenu de remplacement pour compenser, il est fort probable qu’un jour il en sera de même pour le droit au logement.

 On peut toujours se demander si une indemnité compensatrice est bien ce qui est souhaité pour les personnes privées de ce dont elles ont besoin mais tant que nous vivrons dans une société où l’écart va grandissant entre accusés ( les riches) et plaignants ( les pauvres) la parole des citoyens écartés, alliée à celle de la justice, permettra une meilleure justice sociale.

La crise actuelle n’est-elle pas dûe à la fricophilie des uns, alors pourquoi priver d’une indemnité les plus indigents quand celle-ci peut s’obtenir dans un mode d’action purement institutionnel ?Quand la civilisation des idées aura fait place à la barbarie de certaines actions peut-être que nous pourrons penser différemment et agir enfin humainement !PDF Creator - PDF4Free v2.0 http://www.pdf4free.com

Dans l’attente, nous avons un défi à relever et il serait regrettable de ne pas utiliser les outils dont nous disposons pour tendre vers l’idéal qui est de surcroit inscrit dans la dite loi. Nous sommes en l’an 3 de cette loi et moi j’ai bientôt un demi-siècle et au XXIème siècle de notre ère, il est d’époque d’aspirer à une certaine modernité bien méritée !


Fiche lecture de Léonore BAZINEK sur Pascal MICHON

Pascal MICHON, Fragments d'inconnu. Pour une histoire du sujet, Paris: Cerf 2010, 251p.  
Pour N.N. I Introduction.
 J’ai eu un véritable plaisir à la lecture de cet ouvrage car il présente des caractéristiques non négligeables de concision tout en faisant la part belle à la polémique surmontée d’une argumentation solide qui met en relief le cheminement des idées. Ainsi, le lecteur est tenu en haleine du début à la fin comme s’il était dans un roman policier.Parler du sujet n’est pas ici un exercice fastidieux bien au contraire, car ce n’est pas l’affaire des spécialistes mais de tout être. Et, comme dans les livres jeunesse dont on peut être le héros, Pascal MICHON nous entraîne dans l’aventure du sujet à un point tel, que le lecteur découvre qu'il peut lui-même être cet inconnu en prenant en main les possibilités de subjectivation qu'il parvient à entrevoir.Puis, en lectrice passionnée et aimant dévorer les nouveautés, j’ai eu envie, en toute modestie, d’apporter ma pierre à l’édifice en écrivant une fiche de lecture d’un livre de 250 pages pour «lecteurs débordés qui se sentent dispersés ». Faire une analyse sur un thème qui parle du sujet peut paraitre subjectif mais cette superposition de sujets n’empêche pas de présenter mes propos de manière rigoureuse. II Avertissement. Mon texte est, comme c'est souvent le cas, le fruit d'une lutte acharnée contre les résistances du quotidien qui ne veulent qu'étouffer tout travail d'écriture conséquent. Cette lutte, bien connue de tout un chacun qui ose prendre la plume, s'est amplifiée par deux questions d'ordre théorique, m'interdisant alors de vouloir rattraper le temps en procédant trop rapidement. MICHON poursuit la construction d'une œuvre, d'une théorie originale. Cette exigence demande une prise en charge à sa hauteur, tâche bien difficile d'autant plus qu'il y a absence totale des informations (auto)biographiques.Nous avons alors ici la démonstration que l'écriture impliquée est possible sans raconter sa vie, comme me l'expliquait la musicologue Françoise ESCAL.[1] III Plan. Le plan choisi ici n’est pas conforme au strict genre d’un compte-rendu ; nous suivrons le livre chapitre par chapitre. Pour chacun d’eux, j’ai relevé des aspects qui n’ont pas été pointés par d’autres.Ma digression s’explicite donc dans cette perspective car je m’attache toujours à montrer ce qui ne se voit pas et/ou ce qui ne s’est pas encore vu.Puis, ma fiche de lecture se terminera par  une bibliographie qui justifie mes propos et complète alors l’étude présentée ici.  IV Pascal MICHON. Dans cet ouvrage, l’auteur nous livre 15 ans de recherche et l’on remarquera qu’il prend plus de distance avec ses références tout en continuant à s’y appuyer car on ne peut nourrir ses propres réflexions sans objectif de transversalité.Cette transversalité l’a amené progressivement à l'élaboration d'une anthropologie explicitement historique se démarquant ainsi nettement des approches dualistes. Puis, en regardant comment s’opère le processus nous constatons que son œuvre se situe à la charnière d'une approche philosophique et d'une approche sociologique (cf. 235). Par là, il s'inscrit dans "une tradition théorique qui [...] commence avec Friedrich SCHLEIERMACHER  et Wilhelm Von HUMBOLDT[2] " et "qui passe par Ferdinand de SAUSSURE [3] (141) pour en arriver à Emile BENVENISTE[4]. "«Le langage»", note ce dernier, " »est radicalement arbitraire »", c'est-à-dire qu'"il n'est ni imposé par la «tradition»" - ce qui est une réfutation implicite et très concise de l'herméneutique gadamérienne -,[5] "ni produit par des «conventions», mais se manifeste par une importante productivité, irréductible à un progrès ou une simple dérive, tout en restant disponible pour tout être humain" (186). Cependant, MICHON a oublié de renvoyer à un membre important de ce continuum qu'est Friedrich NIETZSCHE[6] car c’est lui qui est arrivé au concept de sujet à travers la critique de l'institutionnalisation du langage et de la défense de la créativité irréductible de l'homme dans précisément le domaine langagier.[7]Pourtant,  MICHON convoque NIETZSCHE  dans d'autres contextes. Il annonce notamment une étude sur Michel FOUCAULT[8]  dans laquelle il se propose de lire NIETZSCHE à travers un prisme humboldtien (cf. 120). Ces quelques repères suffisent pour le lecteur pressé. Bonne élève de Jean Paul RICHTER[9] , je sais que tous les textes ne sont pas pour tous les lecteurs. J'invite alors les lecteurs pressés de laisser la suite aux lecteurs patients, car nous allons maintenant suivre pas à pas les traces de cet ouvrage passionnant.  V La problématique.  MICHON est sans conteste un des critiques les plus conséquents de l'herméneutique gadamérienne (cf. déjà 2000). Sa perception des dangers que présente l'analyse existentiale pour la vie humaine est un des moteurs de son travail. Et pourtant, MICHON ne va pas jusqu’au bout de ses intuitions, bien qu’il se livre ici à un exercice de rigueur. Le lecteur arrive mieux à cerner ses bases ce qui n'était pas le cas dans ses publications antérieures.MICHON traite de l'analyse existentiale heideggérienne, approche dans laquelle s’inscrit GADAMER, au sein des différentes disciplines scientifiques. Malgré certaines publications de ces dernières années, en allemand, anglais et français, MICHON ne semble pas avoir saisi la brutalité et la prétention d'exclusivité non négociable de ces "chemins de la destruction" comme il ne se gène pourtant pas de les appeler (cf. 21). Le cœur de notre problématique est bien là : avec l'analyse existentiale nous ne sommes plus à l’intérieur d’un courant parmi d'autres que nous appellerions science, mais face à un mouvement qui poursuit des fins à l'opposé même de la science moderne.  Digression : le retour du Blubo ?  De quoi s'agit-il alors ? L’analyse existentiale ou "herméneutique de la destruction", pour reprendre l'autodésignation d'un de ses protagonistes qu'est Jean- Luc MARION (cf. 2005), n'est rien d'autre qu'une des méthodologies destinées à imposer la vision du monde national-socialiste, paradigme plus connu sous l'abréviation allemande Blubo, qui s'est subrepticement infiltré dans le monde scientifique dès le 19e siècle.Une lecture attentive de quelques auteurs montre en effet qu'ils remplacent le but traditionnel de la recherche scientifique qu'est la vérité comprise comme la réalité des choses par la vérité comprise comme pureté de sang du peuple autochtone. Nous avons alors ici une entreprise se démarquant nettement des sciences traditionnelles, et notamment de la philosophie.[10]Je me dois de faire ici un aparté pour exprimer mon malaise au lecteur en rédigeant ces lignes, car je dois bien avouer que je suis embarrassée de piétiner sur ces terrains minés qui sont pourtant depuis des dizaines d'années le cœur de mes recherches (cf. p. ex. 2004).  Les travaux qui rendent accessibles les résultats de ces recherches, acquises par des processus extrêmement laborieux, sollicitant des réflexions philosophiques soutenues et des recherches supplémentaires interdisciplinaires, sont dans leurs débuts (cf. pour l'instant BLUMENBERG, 1999; Wilkins, 2009). Notons quand même au passage que la problématique travaillée ici a été déjà dénoncée par NIETZSCHE et abordée aussi par Henri LEFEBVRE (cf. plus spécialement 1966). En effet, il est incroyablement difficile de doser ici pudeur et agressivité, toutes les deux indispensables pour percer cette obscurité qui se veut imposer depuis bel et bien 54 ans. Je m'explique sur cela plus amplement à l'exemple de la discussion que MICHON présente de la réception de HUMBOLDT par, d'un côté HEIDEGGER et, de l'autre côté, Ernst CASSIRER[11]. VI Etude suivie par chapitre. 1) Le premier chapitre : programmatique. Il est consacré à une récapitulation succincte du développement des sciences humaines et sociales après la deuxième guerre mondiale. "Dans un admirable dialogue des sourds", constate l'auteur, "qui s'entendent à merveille, les stratégies du primat du social et du primat de la langue dominent ainsi depuis plusieurs décennies le champ des savoirs." (17) Dans le même style concentré, il nous propose ensuite un survol sur les facteurs idéaux qui ont conduit à retrancher la question du «sujet» des réflexions.Se démarquant d'une réduction de la philosophie aux discours qui excluent le quotidien, le langage, la littérature, il se démarque aussi "des chemins difficiles de la destruction de HEIDEGGER." (21)  La philosophie interroge de prime abord les compétences humaines qui permettent de connaître la réalité, mais cette assertion a été ouvertement combattue par HEIDEGGER. Ce diagnostic de MICHON est sans ambigüité (cf. aussi 25), bien qu'il n'arrive pas, à mon avis, à le saisir dans toute son ampleur, car il accorde à HEIDEGGER et à ses élèves tout au long de l'ouvrage le statut de philosophe !Pour accéder à une approche historique du sujet, MICHON mobilise la poétique comme hyper-expérience s'ouvrant à la relation au monde, au langage, aux autres et ainsi à la subjectivation. 2) Le deuxième chapitre : différentes conceptions de subjectivation. La subjectivation peut être conçue comme processus de l'individu se dégageant du groupe. Il s’en suit une émancipation, mais aussi une aliénation. Ces facteurs peuvent mener à une révolution. A l'inverse, la subjectivation peut aussi être vue comme internalisation des normes. Il en suit un enchevêtrement mutuel de l'objectivation par ces normes imposées de la subjectivation. Cette question est au centre de la psychanalyse (cf. 27sqq).Ce chapitre contient aussi une brève histoire critique de la pensée coloniale (cf. 30-33). 3) Dans le troisième chapitre, MICHON reprend ensuite plus spécifiquement différents auteurs du XXe siècle. Comme MICHON l'a remarqué, SCHLEIERMACHER a aussi inscrit la subjectivation dans l'histoire, plus précisément dans la suite des générations. Enfin, cela vaut aussi pour le cogito de René DESCARTES - dont MICHON semble méconnaitre l'importance - mais il faut avouer que j'ai passé, dans ma jeunesse, par l'école des Regulae (cf. 1962), exercice que je conseille à tout un chacun. Cette exercice laisse des traces indélébiles, le cartésianisme induit ainsi, se démarque pourtant absolument des cartésianismes caricaturaux ! A l’école de DESCARTES, au lieu de dissocier corps et âme, sentiment et pensée, comme on nous le répète à perpétuité, l’étudiant apprend à petits pas à utiliser et élargir ses facultés : processus qui correspond aux exigences d’une subjectivation réussie.L'approche que MICHON cherche et met en œuvre permet de s'exprimer sur le Comment de cette relation entre la connaissance qu'a le Je de lui-même d'un côté et la connaissance du monde de l'autre côté, et, finalement, à la formation du monde : le grand thème de SCHLEIERMACHER ! (cf. notamment 2003).Du point de vue de la philosophie de l'éducation, l'intérêt de ses recherches se situe justement sur ce plan où se rencontrent connaissance et éthique.MICHON est capable de mettre en mots des expériences que tout enfant fait plus ou moins, mais qui s'étouffent le plus souvent sous la couche des apprentissages imposés, déguisés en savoirs et connaissances. Un des buts assignés à une conception mondialement et historiquement majoritaire de l'éducation consiste en l'extinction de la perception de sa particularité, donc à l'étouffement d'un processus de subjectivation génuine. Pour parler en termes schleiermacheriens, MICHON nous donne alors les moyens qui laissent survivre le petit herméneute : il explore de son propre chef son monde.En effet, SCHLEIERMACHER ne soutient-il pas que l'enfant humain pratique dès le départ le procédé herméneutique, qui est caractérisé par cette compétence d'accès au monde ?[12] 4) Le quatrième chapitre est consacré à Wilhelm Von HUMBOLDT et  à Michel FOUCAULT qui semblent constituer les points d'appui théoriques les plus marquants de cette étude.La lecture de ce chapitre a été une expérience assez douloureuse au regard de mes propres recherches : MICHON avance que la méconnaissance qu’ils avaient de l’œuvre de HUMBOLDT permet de traiter ensemble HEIDEGGER et CASSIRER.Je ne mets pas en doute que CASSIRER ait pu mésestimer HUMBOLDT dans certains détails, mais je m'arroge de les inscrire dans la même lignée de recherche humaniste, faisant en sorte que leurs différences ne concernent pas le fond ! HEIDEGGER, par contre, et si on insiste à créer un lignage, est à voir dans la lignée plutôt d'un Johann Gottlieb FICHTE[13] qui cherche explicitement à intervenir dans la conscience de son public.[14]Par conséquent, je ne peux absolument  pas souscrire ce qui suit :"[...] CASSIRER, HEIDEGGER et GADAMER se comportent à l'égard de HUMBOLDT en philosophes traditionnels [...]." (77) Il serait, à mon avis, plus juste de présenter le positionnement de HEIDEGGER à l'égard de HUMBOLDT  et celui de CASSIRER séparément, sans créer une fausse communauté de contemporains qui, de facto, selon l'approche heideggérienne, ne peut en aucun cas  exister. Comme mycologue de longue date, je sais que l'occurrence de plusieurs champignons en même temps dans la même partie d'une forêt ne veut rien dire sur leur compatibilité.[15] Il est parfaitement possible que chaque espèce utilise des ressources complètement différentes et pourtant mises à la disposition par le même environnement.HEIDEGGER et GADAMER ne se comportent en rien en philosophes traditionnels ! Ils sont bien contemporains de CASSIRER mais ils ont utilisé et contribué activement à la création d'une autre mentalité que celle poursuivie par la philosophie traditionnelle. Ce n’est point se fourvoyer que d’annoncer que c’est bien NIETZSCHE, qui a, le premier, exclu les antisémites de la philosophie.[16]Pour en revenir à notre texte, par le biais des concepts de HUMBOLDT, MICHON parvient à tracer les conditions qui permettent de sortir des tentatives d’une anthropologie dualistes (cf. 75-77) ; conforme au projet qu’il s’est préposé.  5) SAUSSURE.Non, je ne censure pas SAUSSURE mais j’ai décidé de ne pas en rendre compte ici pour arriver plus rapidement au concept de rythme qui constitue le parti pris de ce livre. 6) Chapitre 6 : Le concept de rythme.MICHON explicite comment, à partir d'une lecture d'Emile BENVENISTE  il est arrivé à cette notion (115-118). Il en arrive à la conclusion que ce dernier ne voit pas en "le langage [...] le médium de l'accès au savoir et à l'émancipation humaine", se démarquant alors de HABERMAS. "Pour ce qui concerne la relation de la langue à la société, comme pour celle de l'individu au social," poursuit l'auteur, "la position critique prise par BENVENISTE ne consiste pas à montrer le travail dialectique des éléments opposés des couples en question, ni, du reste, à l'inverse, en revenant à une position pré dialectique, à se borner à constater leur opposition irréductible." BENVENISTE se positionne de manière spécifique, ce qui lui permet de percevoir un autre lien entre le langage humain et la société. "En se plaçant exclusivement du point de vue du langage," constate alors MICHON, "il cherche à suivre le caractère spécifique des logiques de l'interdépendance sémiotique hiérarchisée, de la transcendance subjective réversible en les subsumant sous le principe d'une manière de fluer." Ne nous cassons pas ici la tête sur ce que cela veut dire, nous y reviendrons. Terminons pour l'instant la lecture de ce paragraphe :"Il pose ainsi les premiers éléments d'une théorie de l'historicité à la fois non dualiste et non dialectique qu'il faut appeler rythmique." (118) 7)                 Chapitre sept : GADAMER : identité double, double identité ou identité doublée ? (131-141)Le mérite de MICHON consiste indéniablement dans cette lecture attentive d'un auteur plus que rebutant  autant d’un point de vue stylistique que d’un point de vue de ses présupposés massifs. Mais il constate aussi que "GADAMER possède une sensibilité personnelle à la poésie et au langage" au lieu de se focaliser sur l’idéologie marquée de cet auteur, lecteur de CELAN. Par là, MICHON se retire ainsi de sa posture de philosophe critique des dualismes et continue : "qui excède ce qu'il en pense d'un point de vue purement intellectuel". (134)Pour autant, MICHON n'oublie pas de mentionner que "la machine herméneutique reprend vite le dessus." Mais attention : nous avons déjà expliqué qu'entre l'herméneutique de SCHLEIERMACHER qui cherche à scruter la manière dont les liens entre la compréhension humaine et la réalité se forment, et l'herméneutique de la destruction qui cherche à éliminer les impuretés de la nation, il n'y a pas de dénominateur commun. En résumé nous pouvons dire que ce chapitre sur GADAMER est on ne peut plus clair sur le plan du contenu mais nous ne manquerons pas de relever les faiblesses méthodologiques du positionnement de MICHON. Il énonce bien que le texte de GADAMER qu'il analyse ici, met en évidence la contradiction entre la personne qu'est GADAMER et l'idéologue qu'il est devenu. Mais ensuite, il déplace cette différence entre ce qu'un philosophe peut tirer de son intuition artistique et ce que ce philosophe n'arrive pas à attraper avec son intellect !Malgré mes critiques, ce chapitre garde toute sa valeur pour des lecteurs qui se positionnent dans une approche scientifique objectivante. En outre, c'est aussi une des parties les plus polémiques de ce livre. Nous trouvons ici une phrase qui exprime de façon concentrée le nœud du problème posé par ce livre : "La question de l'art [...] est, après celle du langage, la seconde clé de toute historisation du concept de sujet." (131) Nous revenons ainsi à la tradition convoquée, à savoir à SCHLEIERMACHER et à HUMBOLDT qui conçoivent le langage comme activité. 8) Le chapitre suivant reprend ces thèmes en faisant plus précisément émerger les notions d'inconnu et d'aventure liées à toute vie particulière.  9) Venons-en alors rapidement au dernier chapitre : Individuation, contradiction, subjectivation (221-242), véritable point d'orgue.Une citation de cette partie remobilise l'ouvrage dans son ensemble : "Dans son livre, LTI - La langue du IIIe Reich. Carnets d'un philologue, Victor KLEMPERER a montré comment le régime nazi a pu se construire et assurer une grande partie de son pouvoir en instillant dans les masses à travers la radio, la presse, le cinéma et les discours politiques, des manières de parler qui rapidement atteint les conversations les plus banales et les plus intimes des individus. Loin de reposer sur la simple propagation des représentations conscientes, la domination nazie s'est fondée sur un contrôle et une mise en forme des rythmes de l'activité langagière. KLEMPERER  relève ainsi la dilection du régime pour les mots d'origine étrangère que l'Allemand moyen ne comprend pas et qui orientent les esprits vers le rêve et la croyance; la prégnance du vocabulaire religieux lorsqu'il s'agit de parler du Führer ou du parti; la péjoration de certains mots comme «intelligence», «objectivité», «système», «scepticisme», «pondération»; la survalorisation de certains autres comme «croyance», «soumission», «vision», «mouvement», «attaque», «agression» etc. Mais KLEMPERER ne s'arrête pas là. Au-dessous de la couche des mots, il note également l'invasion du langage quotidien par les tournures et le style oratoire souvent hystérique et haineux, des discours adressés aux foules assemblées lors de grandes réunions que multiplie le régime. D'une manière encore plus insidieuse que dans le cas du vocabulaire, les locuteurs sont ici amenés à adopter un type particulier de dynamique discursive." (223) Se référant étroitement à BENVENISTE, MICHON explique ce phénomène de plus près : "Dans le cas du rapport qui s'établit au sein des systèmes sémiologiques, la langue et la société ont une structuration commune et la langue est simplement le meilleur exemple de ce type de structuration." Cette connivence est à la base du théorème de la subjectivation individuelle et collective. Pourtant, "BENVENISTE ne dit pas qu'il faille y voir une relation de causalité ou d'engendrement. Au contraire, c'est précisément la relation entre la langue et la société qui est en jeu. Il s'agit de la «langue en emploi et en action.»" C'est la langue qui organise «toute la vie des hommes», donc qui "constitue clairement le collectif et le singulier : «Seul le fonctionnement sémantique de la langue permet l'intégration de la société et l'adéquation au monde, par conséquent la régulation de la pensée et le développement de la conscience»." Ainsi, "chacune de ces deux entités, le langage et la société, implique l'autre." (cf. 198sq)La conceptualisation de BENVENISTE se concentre pourtant sur l'individu. "Il n'est pas passé du je au nous." (214) C'est ainsi que MICHON reprend la tentative d’Henri MESCHONNIC d'une poétique élaborée à partir d'une critique des rythmes et visant une politique du sujet. Nous pouvons alors "observer, dans leur dynamique propre, les interactions qui forment le tissu de la réalité collective." MESCHONNIC a conçu le rythme comme un "trait d'union, au lieu d'une dialectique, entre l'individu et la collection humain." (207)C'est ici que prend naissance l'entreprise poursuivie par MICHON. "On voit émerger ici un nouveau champ de recherche extrêmement prometteur," constate-t-il toujours en se référant à MESCHONNIC "celui de la rythmisation de la vie collective par les discours ou, pour le dire autrement, celui de l'invention langagière d'un «ordinaire collectif»." Discours singuliers et collectifs sont portés par "quelque chose d'analogue [...] ses manières de se mouvoir dans le corps, d'avancer dans le langage et de jouer dans les interactions sociales." (210) Un inventaire des acquis de ce "dispositif théorique" (239) introduit la fin de cet exposé. Ces acquis se déclinent sur plusieurs registres :- premièrement, "il nous permet [...] de rendre compte [...] de la multiplicité et de la spécificité des formes d'individuation ;" (ibid.)-  deuxièmement, comme chacun adopte de temps à autre un autre rôle, l'accent sera mis sur "le type de rythme qui organise les multiples conflits et alliances" au lieu de focaliser les contradictions, voire les animosités ;-  le troisième résultat en est étroitement lié : c'est l'acception du fait "que l'individuation est fluente et continue" (240). Et si[17] "l'agent [...] le sujet [...] est tout entier donné, à chaque fois, [...] il est donc multiple" (ibid.).En outre, il retient "quelques maximes simples", mettant surtout "sans cesse en circulation à la fois une utopie du sujet et une capacité à transformer celui-ci en « transsujet » (240sq). Je passe rapidement, car l'analyse de ces propos est déjà entamée dans l'étude annoncée à plusieurs reprises et j'espère pouvoir la soumettre au jugement public prochainement. Venons-en alors au :- cinquième résultat : à savoir la possibilité d'interroger "cette maximation de notre puissance de vie, cette subjectivation. Est-elle extensible "à la totalité de notre vie ?" (241)Nous voilà arrivés à l'inconnu. MICHON reconnaît que cette question implique une radicalité certaine. VII Conclusion.  Par conséquent, je me permets pour une deuxième et dernière fois une citation longue - celle de la fin du livre - pour ne pas trafiquer sa conclusion : "Si nous devions devenir agent de la totalité de notre vie, il apparaît en effet - alors que des pans entiers de cette vie ne dépendent pas de nous - que nous serions bien incapables de subjectivation. Or, l'observation montre que ce n'est pas le cas. Le fait que KAFKA ou PESSOA aient été de tous petits employés ne les a pas empêchés de devenir des sujets de la littérature mondiale et de participer, à travers leur public, à la construction de sujets collectifs et singuliers. De même, ce n'est pas parce que la majorité des travailleurs ou des consommateurs est aujourd'hui en grande partie dominée par des rythmes qu'elle ne maîtrise pas, que ceux-ci ne peuvent devenir sujets dans les interstices rythmiques qu'ils sont capables de se ménager dans l'organisation de la production et de la consommation ou dans certains autres champs, comme l'éducation de leurs enfants ou la vie associative, ou même encore de temps à autre, dans le champ politique. Il nous faut donc nous donner un critère moins absolu et rechercher toute possibilité de subjectivation, sans avoir cependant jamais l'illusion que ces subjectivations pourraient faire de nous les sujets totaux de notre existence." (242).    VII Bibliographie. BAZINEK, Léonore (2004) Fraction d'histoire de vie à l'occasion d'une lecture, dans : L'école et l'université en question, Saint Denis (Les IrrAIductibles no. 5), 429-460. BLUMENBERG,  Hans (1999), La légitimité des temps modernes, Paris, Gallimard, 689p. DESCARTES, René (1962), Regeln zur Leitung des Geistes (1628), Hambourg,Meiner, XVII.149 p. LEFEBVRE, Henri (1966), Le langage et la société, Paris, Gallimard, 376p. MARION, Jean Luc (2005) La «fin» de la métaphysique comme possibilité, dans : Zarka, Yves C./Pinchard, Bruno (dir.), Y a-t-il une histoire de la métaphysique ?, Paris, PUF, 343-368. MICHON, Pascal (2005), Rythmes, pouvoir, mondialisation, Paris, PUF, 466p.- (2000), Poétique d'une anti-anthropologie, Paris, Vrin, 254p. NIETZSCHE, Friedrich W. (KSA), Kritische Studienausgabe, éd. Giorgio Colli/Mazzino Montinari, Munich/Berlin:dtv/De Gruyter 21988, 15 vols. SCHLEIERMACHER, Friedrich D. (1987), Herméneutique, Paris, Cerf, XVIII.202p.- (2003), Ethique (1805-1806), Paris, Cerf, 240p. WILKINS, John (2009), Species. A history of the idea, Berkeley Univ. of California Press, XIV.305p.                                                  Léonore BAZINEK (Laboratoire ERIAC, Université de Rouen).                                                                                                                     Relu et corrigé le 22 oct. 11          [1]Propos recueillis par téléphone, printemps 2009. [2] (1768-1834). [3] (1857-1913). [4] (1902-1976). [5]  (1767-1835).  [5]Hans Georg GADAMER (1900-2002) a propagé une herméneutique qui se veut universelle et dont sera amplement question, cf. infra. [6] (1844-1900).  [7]Dans un texte programmatique, A propose de la vérité et du mensonge au sens extramoral (KSA 1, 872-890), cf. : "Ce n'est que par l'oublie de ce monde primitif métaphorique, [...] c'est seulement par la croyance invincible que ce soleil, cette fenêtre, cette table est une vérité en soi, bref - c'est seulement par ce que l'homme s'oubli comme sujet, c'est-à-dire comme sujet artistiquement productif, qu'il peut vivre avec une certaine tranquillité [...]." (ibid., 883sq). [8] (1926-1984). [9] (1763-1824).      [10]Discutant le travail de Victor Klemperer (1881-1960), Michon montre pourtant qu'il a rencontré cette tentative de réinstallation des références scientifiques. Mettant en avant la notion de l'organique, le national-socialisme s'est apprêté pour détruire "l'idée de vérité une et universelle, censée exister pour une humanité universelle imaginaire." (2005, 379) A la place de cette vérité, on a désormais une ">vérité organique< qui naît du sang d'une race et ne vaut que pour cette race." (Ibid.) Cependant, Michon soutient que "cette vérité organique n'est pas pensée et développé par l'intellect, elle ne consiste pas dans un savoir rationnel, elle se trouve au «centre mystérieux de l'âme du peuple et de la race»" (ibid., 379sq). - Michon retrace ensuite les explicitations de Klemperer par rapport au paradigme de mouvement et de l'assaut et en vient à la Blubodoktrin, la "«doctrine du sang et du sol»" (ibid., 382) - Si je ne mets pas en doute que ces élucubrations viennent de ce centre mystérieux, je mets en doute qu'il s'agit ici d'une entreprise par-delà de la raison. Bien au contraire, la Blubodoktrin est une fabrication du raisonnement humain dont je m'attache actuellement à élucider la mise en place. - Qu'il s'agisse néanmoins d'une entreprise par-delà de la philosophie, voire des sciences dites traditionnelles, me semble pourtant un diagnostic indéniable. - Dans le cadre des recherches discutées ici, il faut scruter plus précisément les concepts de rythmisation et de subjectivisation car, à mon avis, ni l'un ni l'autre ne se passent extra rationem. Qui plus est, dans une certaine perspective, comme le soutient MICHON, la nazification de la société peut être lue comme une sorte de subjectivisation (ibid., 391sqq). [11] (1874-1945).      [12]Le but de l'herméneutique, "la compréhension au sens le plus élevé", concerne surtout le langage et les pensées. Dans ce contexte, Schleiermacher écrit : "Puisque nous pratiquons l'interprétation dans ce sens depuis l'enfance, on pourrait penser que la théorie est superflue. Ce qui est plus ordinaire se comprend spontanément; ce qui est supérieur est affaire de talent et de génie, qui est censé s'aider lui-même." (1987, 74) [13] (1762-1814).      [14]Je ne peux pas détailler ce point ici. Je me base sur la correspondance de ses auditeurs à l'université de Berlin avec Schleiermacher. Ils expriment cette souffrance, d'un côté, que l'enseignement de Fichte risque de les priver de leur foi (compris ici comme fondement intérieur de leur propre conscience), mais que la fascination qu'exerce son enseignement mystérieux les attire au point qu'ils continuent à suivre ses cours. - Rappelons que je suis en train de mettre tout cela en ordre; la publication des premiers résultats de cette enquête est prévue dans les mois qui suivent.      [15]Je me rappelle encore des boutades de mon père sur Heidegger lorsque nous avons cherché des champignons au Todtnauberg dans la région de Fribourg. A l’en croire, Heidegger aurait mieux fait de chercher des champignons dont la détermination demande une exactitude sans faille, que l'esprit germanique ... .      [16]Cf. par exemple Nous, les savants, dans Par-delà Bien et Mal (KSA 5, 128-149); frg. septembre 1888 19[10] (Ibid., 13, 546).      [17]Michon admet qu'une individuation sans subjectivation est possible, mais d'une moindre qualité (cf. ibid.).

L'Humanisme racial


L'humanisme racial

Le paradigme d’un humanisme racial : Une possibilité pour l’Europe ?
Esquisse de Stefan George. Deutscher und Europäer (Stefan George.Allemand et Européen) d'Arvid Brodersen, Berlin : Die RundeMCMXXXV, 81p.  NBP1Par Leonore Bazinek (Laboratoire ERIAC, Université de Rouen).A. Notices préliminaires.Pourquoi cette présentation ?Les traductions françaises des œuvres du poète allemand Stefan George (1868-1933) se sont multipliées en ce début du XXIe siècle, cent ans après son apogée en Allemagne.En effet, George a dominé pendant une trentaine d'années la vie poétique de langue allemande. Il vaut alors la peine de se demander comment ce phénomène a été possible. Nous voyons que les raisons de son succès ne peuvent pas être exclusivement liées à son époque. Et pourtant, ses œuvres mystiques rappellent les derniers avatars d'un romantisme dépassé. Pour le moins, si on admet que son style boursouflé ne correspond plus à nos goûts, que ses histoires cruelles sont devenues, à l'ère des jeux vidéo, des banalités, il reste son inventivité de présentation : George, peut-être plus que nul autre, a veillé à ce que la forme de l’œuvre couvre entièrement son contenu. George a poussé les réflexions de cet ordre jusqu’au domaine philosophique, revendiquant - à en croire Brodersen - que, pour l’homme, cela devrait être pareil.Par conséquent, l’homme doit habiter le sol d’où il provient. Il doit regagner la pureté de sa race dans son peuple, et cela sur son propre sol. NBP2L'exposé de Brodersen, que je retrace ici en ses grandes lignes, atteste l'existence tout à fait objective (et naïve ?) d'une telle doctrine raciale qui se veut philosophique - et dont George a été un représentant exemplaire. Brodersen défend, au début des années 1930, cette version humaniste de cette doctrine comme paradigme à venir . Notons au passage que la construction et la forme argumentative de son exposé correspondent au petit livre Alfred Rosenberg und der Mythus des 20. Jahrhunderts (Alfred Rosenberg et le mythe du 20e siècle) d'Alfred Baeumler(Munich:Hoheneichen 21943, 111p.). Autant Baeumler que Brodersen s’attachent à montrer le lien indispensable et irremplaçable entre l’envergure d’un esprit et son sol natal. La brève présentation qui suit se comprend comme invitation à la réflexion. Elle retrace, dans l’ordre des chapitres, le contenu de ce document en français. Les idées principales sont résumées,appuyées par quelques citations. Les titres des chapitres sont traduits, avec la formulation allemande en note.J'ajoute aussi les prénoms et les dates dans la mesure du possible pour chaque personnalité que Brodersen convoque. NBP:1Chez le même éditeur : Vom Schicksal des deutschen Geistes. Mitternachtsvorträge im Rundfunk , 140p; Helbing, Lothar, Der dritte Humanismus ,108p.; Weinstock, Heinrich, Polis. Der griechische Beitrag zu einer deutschen Bildung heute, an Thukidydes erläutert , 120p. ; Huldigung. Geschichte einer Runde .2 Rappelons l’attentat de Anders Breivik (juillet 2011).  Qui a été Arvid Brodersen ?Le norvégien Arvid Brodersen (22. 09. 1904 Trondheim – 2. 07.1996 Oslo) a étudié la sociologie à Berlin. Il a travaillé pour l’unesco et à la New School for Social Research à New York City.NBP3Il faisait apparemment partie d’un mouvement de résistance pendant la deuxième guerre mondiale et il arrivait à intercepter des messages de la Wehrmacht .NBP4Malgré ce cv impressionnant, je réponds clairement avec un non à la question du départ. Aucune version de cette Weltanschauung meurtrière n’est admissible. Bien au contraire, il s’agit désormais de déceler les endroits où elle s’est entretemps subrepticement inscrit. B. Présentation.5 "Traité dans la forme d'un essai", issue d’une conférence donnée "devant des artistes et des spécialistes d'art norvégiens". 7-13 L'européanité allemande.NBP5 Le romantisme depuis Johann Gottfried Herder (1744-1803) se caractérise par la découverte du racial par les Allemands. Cette position se met en opposition à la définition d'un être humain déterminé par la raison. Ce mouvement a été opposé au classicisme qui a redécouvert l'antiquité. 8 Cette "affirmation décidée de son propre peuple et de son propre destin" n'est pas un chauvinisme.Brodersen renvoie au norvégien Hendrik Steffens (1773-1845) qui pouvait dire par rapport à son disciple, le danois Adam Oehlenschläger (1779-1850) : "Je le lui ai donné à lui-même." 9-13 La personnalité du peuple produit une richesse des formes dont l'ensemble est l'Europe. Le classicisme a introduit la nostalgie du sud. "Ce mouvement est à la fois völkisch et trans- ou métavölkisch". Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) a fait le chemin pour rien ; Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844-1900) s'abîmait, car il haïssait l'Allemagne. Napoléon (1769- 1821) a cherché une synthèse européenne. Il a fallu alors "un autre" qui finalement va mener à biencette nostalgie. 14-19 Pèlerinage européen.NBP 6Jusqu'à 16 De par ses origines ,George pouvait réaliser intuitivement "à partir de son centre allemand l'unité essentielle de ce continent pluriel, traversé par des tensions et des oppositions".NBP7 20-25 Cercle européen. BP 8Jusqu'à 21 George entretient des "relations d'amitié et de communauté de travail", mais "sans élévation d'un cosmopolitisme sans caractère." NBP:3 Cette école a accueilli des immigrés allemands qui sont restes très proche de ce qui présenté ici.4 J’ai repris ces informations de la wikipédia en anglais. Elle donne des links qui dirigent vers des textes en norvégien.5 Deutsches Europäertum.6 Europäische Wanderschaft.7Brodersen se réfère à plusieurs reprises au norvégien Hans E. Kinck (1865-1926).8Europäischer Kreis. Fin Page 1Page 2 Jusqu'au paragraphe 25 George apprend des langues ; il traduit. Ainsi, "le fondement de son travail est l'Allemagne, pas comme une île, mais comme le coeur du continent." 26-33 Premières oeuvres. NBP 9 28 "Il ne discerne dans aucun de ces livres explicitement entre le pays natal  et le monde." 32 Brodersen renvoie à Ernst Morwitz (1887-1971) : "«A travers de tous les tournants de son développement, le poète reste au bord des eaux maternelles, d'un fleuve qui indique la limite du terrain parcouru et qui sert en même temps, comme les légendes et le poème en miroir du Septième cercle, pour l'examen des traits de visage changés par l'expérience. 33 Les frontières qui se désignent ainsi correspondent aux frontières de l'Europe. : "Car en lui apparaissent comme deux domaines séparés de la réalité [d’un côté] ce qui est lié au pays natal , et [de l’autre,] l'étranger." 34-41 Pays natal et le Sud.NBP 10George : "«Je veux, vous devez !»", ce qui correspond à sa conception de l'homme qui se distingue soit par une réceptivité féminine, soit par un esprit masculin. Le peuple, ce n'est pas la multitude ; les hommes, ce sont les Allemands. 40 "George haït ce monde et sa chasse sacrilège de ce qu'il appelle bonheur (lui, George, l'appelle mort) - il haït ce monde avec son être le plus intime, non seulement avec son cerveau ; et il haït l'être intime et entier de ce monde. Il ne veut en rien le changer ou l'améliorer, il lui souhaite tout simplement assez de ce «bonheur» qu'il désire - afin qu'il en crève." 42-51 L'Empire entier. NBP11Le Tapis, c'est l'Allemagne.L'Anneau signifie que le sud est intégré à travers le Rhin. 51 "Le sixième tableau du Rhin donne enfin la prophétie pour le nouvel Empire des Allemands.Avant que le peuple n’aurait pas intégré le feu du sud qui souffle du Rhin et de ses poètes, l'Empire ne pourrait pas s'élever, ne pourrait pas fêter sa renaissance." 52-61 Allemagne secrète. NBP12 55 Goethe et Friedrich Hölderlin (1770-1843) n'ont pas vu ce que George a pu voir : "la réalisation de leur rêve du sud". 56 "Stefan George est un poète patriotique. Sur ce patriotisme repose sa bonne européanité, car aujourd'hui, il n'y a bien évidement plus de général sans le particulier et sans le spécial. Et sans le völkisch, pas d'européen."NBP13 60 "L’œuvre tout entière de George est au service de cette transformation profonde qu'il subit et qui amène également une transformation étendue et en profondeur de l'Europe. [...] Les Allemands [...]ont changé leur emplacement spirituel sur le continent tout entier. Ils [...] circulent bienheureux et satisfaits autour du sud intime. [...] Ils sont le repos qui se transforme, le peuple qui est réellement le coeur de l'Europe." D'où la polarité. NBP:9 Erste Werke.10Heimat und Süden.11Das ganze Reich.12Geheimes Deutschland.13On remarquerait que Brodersen a parfaitement intégré la logique qui part des existentiaux, cf. aussi infra, ad 67. Fin page 2Page 3 61 Brodersen cite, pour affirmer son argumentation à propos du sud, Ernst Moritz Arndt (1769-1860), sans donner la source de sa citation. 62-72 Les plus extrêmes. NBP14 62 "[...] déplacement vers le nord du terrain essentiel  créateur de culture et porteur de l'histoire de l'Europe [...] Ce n'est pas un processus purement spirituel et culturel, mais un événement naturel et biologique avec des conséquences spirituelles et culturelles immenses." Brodersen renvoie à Hugo Hassinger, Geographische Grundlagen der Geschichte. 66 "[...] cette heure mondiale fait valoir la loi du métissage." 67 "Pas de séparation raciale, pas d'analyse, mais synthèse [...] le sang précieux [...] vers l'intérieur de l'Allemagne." NBP15 68 Il en résulte la "race des conducteurs sur la mer du nord",16 "la race des fermiers de l'intérieur (race essentiel )", la race légère du sud (race de vin)". Elles s'unissent et devient ainsi "une synthèse völkisch, allemande et également trans-völkisch européenne." Les "traits des trois races d'origine de l'Europe s'unissent pour devenir des images allemandes éternelles," ce qui correspond aux extrémités qui inclut aussi les juifs. 69 "Nous tenons plus spécialement en ces temps à notre devoir de le prononcer de façon indubitable, et nous voulons simplement répondre à ceux qui s'autorisent à faire des reproches au poète : les amis judéo-allemands ne peuvent pas être soustraits de l'oeuvre de George ; ils lui ont enseigné l'attention et la compréhension plus subtile et plus sûre d'une ancienne manière et la formabilité pour une manière constamment renouvelé [...]." 73-81 La mer.NBP17Brodersen s'exprime fortement contre la civilisation des masses. 80sq Il y a trois figures de garçons, nées de la mer. Ce sont les incarnations du destin inévitable et proche, "les puissances de la vie sans lesquelles aucune renaissance n'est possible." NBP:14Die Äussersten.15Cf. supra, ad 56.16Allusion aux Vikings ?17Das Meer. FIN
Brodersen, Un humanisme racial.vendredi 30 mars 2012 23:22Le paradigme d’un humanisme racial :Une possibilité pour l’Europe ?Esquisse de Stefan George. Deutscher und Europäer (Stefan George. Allemand et Européen) d'Arvid Brodersen, Berlin :Die Runde MCMXXXV, 81p.1Par Léonore Bazinek (Laboratoire ERIAC, Université de Rouen).   A.   Notices préliminaires. Pourquoi cette présentation ? Les traductions françaises des œuvres du poète allemand Stefan George (1868-1933) se sont multipliées en ce début du XXIe siècle, cent ans après son apogée en Allemagne.En effet, George a dominé pendant une trentaine d'années la vie poétique de langue allemande. Il vaut alors la peine de se demander comment ce phénomène a été possible. Nous voyons que les raisons de son succès ne peuvent pas être exclusivement liées à son époque. Et pourtant, ses œuvres mystiques rappellent les derniers avatars d'un romantisme dépassé. Pour le moins, si on admet que son style boursouflé ne correspond plus à nos goûts, que ses histoires cruelles sont devenues, à l'ère des jeux vidéo, des banalités, il reste son inventivité de présentation : George, peut-être plus que nul autre, a veillé à ce que la forme de l'œuvre couvre entièrement son contenu. George a poussé les réflexions de cet ordre jusqu’au domaine philosophique, revendiquant - à en croire Brodersen - que, pour l’homme, cela devrait être pareil. Par conséquent, l’homme doit habiter le sol d’où il provient. Il doit regagner laPureté de sa race dans son peuple, et cela sur son propre sol. 2 L'exposé de Brodersen, que je retrace ici en ses grandes lignes, atteste l'existence tout à fait objective (et naïve ?) d'une telle doctrine raciale qui se veut philosophique - et dont George a été un représentant exemplaire. Brodersen défend, au début des années 1930, cette version humaniste de cette doctrine comme paradigme à venir. Notons au passage que la construction et la forme argumentative de son exposé correspondent au petit livre Alfred Rosenberg und der Mythus des 20. Jahrhunderts (Alfred Rosenberg et le mythe du 20e siècle) d'Alfred Baeumler (Munich:Hoheneichen 21943, 111p.). Autant Baeumler que Brodersen s’attachent à montrer le lien indispensable et irremplaçable entre l’envergure d’un esprit et son sol natal. La brève présentation qui suit se comprend comme invitation à la réflexion. Elle retrace, dans l’ordre des chapitres, le contenu de ce document en français. Les idées principales sont résumés, appuyées par quelques citations. Les titres des chapitres sont traduits, avec la formulation allemande en note. J'ajoute aussi les prénoms et les dates dans la mesure du possible pour chaque personnalité que Brodersen convoque.  Qui a été Arvid Brodersen ? 1Chez le même éditeur : Vom Schicksal des deutschen Geistes. Mitternachtsvorträge im Rundfunk allemand. Discours radiophoniques de minuit>, 140p; Helbing, Lothar, Der dritte Humanismus ,108p.; Weinstock, Heinrich, Polis. Der griechische Beitrag zu einer deutschen Bildung heute, an Thukidydes erläutert Lacontribution grecque à la formation allemande d'aujourd'hui, expliqué à l'exemple de Thucydide>, 120p. ; Huldigung. Geschichteeiner Runde .2 Rappelons l’attentat de Anders Breivik (juillet 2011).1Le norvégien Arvid Brodersen (22. 09. 1904 Trondheim – 2. 07.1996 Oslo) a étudié la sociologie à Berlin. Il a travaillé pour l’Unesco et à la New School for Social Research à New York City.3II faisait apparemment partie d’un mouvement de résistance pendant la deuxième guerre mondiale et il arrivait à intercepter des messages de la Wehrmacht .4Malgré ce cv impressionnant, je réponds clairement avec un non à la question du départ. Aucune version de cette Weltanschauung meurtrière n’est admissible. Bien au contraire, il s’agit désormais de déceler les endroits où elle s’est entretemps subrepticement inscrit. B. Présentation.5 "Traité dans la forme d'un essai", issue d’une conférence donnée "devant des artistes et des spécialistes d'art norvégiens".7-13 L'européanité allemande.5Le romantisme depuis Johann Gottfried Herder (1744-1803) se caractérise par la découverte du racial par les Allemands. Cette position se met en opposition à la définition d'un être humain déterminé par la raison. Ce mouvement a été opposé au classicisme qui a redécouvert l'antiquité.8 Cette "affirmation décidée de son propre peuple et de son propre destin" n'est pas un chauvinisme. Brodersen renvoie au norvégien Hendrik Steffens (1773-1845) qui pouvait dire par rapport à son disciple, le danois Adam Oehlenschläger (1779-1850) : "Je le lui ai donné à lui-même."9 La personnalité du peuple produit une richesse des formes dont l'ensemble est l'Europe.Jusqu'à 13 Le classicisme a introduit la nostalgie du sud. "Ce mouvement est à la fois völkisch et trans- ou métavölkisch". Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) a fait le chemin pour rien ; Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844-1900) s'abîmait, car il haïssait l'Allemagne. Napoléon (1769-1821) a cherché une synthèse européenne. Il a fallu alors "un autre" qui finalement va mener à bien cette nostalgie.14-19 Pèlerinage européen.6Jusqu'à 16 De par ses origines ,George pouvait réaliser intuitivement "à partir de son centre allemand l'unité essentielle de ce continent pluriel, traversé par des tensions et des oppositions".720-25 Cercle européen.8Jusqu'à 21 George entretient des "relations d'amitié et de communauté de travail", mais "sans élévation d'un cosmopolitisme sans caractère."3 Cette école a accueilli des immigrés allemands qui sont restes très proche de ce qui présenté ici.4 J’ai repris ces informations de la wikipédia en anglais. Elle donne des links qui dirigent vers des textes en norvégien.5 Deutsches Europäertum.6 Europäische Wanderschaft.7Brodersen se réfère à plusieurs reprises au norvégien Hans E. Kinck (1865-1926).8Europäischer Kreis.2Jusqu'à 25 George apprend des langues ; il traduit. Ainsi, "le fondement de son travail estl'Allemagne, pas comme une île, mais comme le coeur du continent."26-33 Premières oeuvres.928 "Il ne discerne dans aucun de ces livres explicitement entre le pays natal Heimat> et le monde."32 Brodersen renvoie à Ernst Morwitz (1887-1971) : "«A travers de tous les tournants de sondéveloppement, le poète reste au bord des eaux maternelles, d'un fleuve qui indique la limite du terrain parcouru et qui sert en même temps, comme les légendes et le poème en miroir du Septième cercle, pour l'examen des traits de visage changés par l'expérience. «"33 Les frontières qui se désignent ainsi correspondent aux frontières de l'Europe. : "Car en lui apparaissent comme deux domaines séparés de la réalité [d’un côté] ce qui est lié au pays natal Heimisches>, et [de l’autre,] l'étranger."34-41 Pays natal et le Sud.10George : "«Je veux, vous devez !»", ce qui correspond à sa conception de l'homme qui se distingue soit par une réceptivité féminine, soit par un esprit masculin.Le peuple, ce n'est pas la multitude ; les hommes, ce sont les Allemands.40 "George haït ce monde et sa chasse sacrilège de ce qu'il appelle bonheur (lui, George, l'appelle mort) - il haït ce monde avec son être le plus intime, non seulement avec son cerveau ; et il haït l'être intime et entier de ce monde. Il ne veut en rien le changer ou l'améliorer, il lui souhaite tout simplement assez de ce «bonheur» qu'il désire - afin qu'il en crève."42-51 L'Empire entier.11Le Tapis, c'est l'Allemagne. L'Anneau signifie que le sud est intégré à travers le Rhin.51 "Le sixième tableau du Rhin donne enfin la prophétie pour le nouvel Empire des Allemands. Avant que le peuple n’intègre le feu du sud qui souffle du Rhin et de ses poètes, l'Empire ne pourrait pas s'élever, ne pourrait pas fêter sa renaissance."52-61 Allemagne secrète.1255 Goethe et Friedrich Hölderlin (1770-1843) n'ont pas vu ce que George a pu voir : "la réalisation de leur rêve du sud".56 "Stefan George est un poète patriotique. Sur ce patriotisme repose sa bonne européanité, car aujourd'hui, il n'y a bien évidement plus de général sans le particulier et sans le spécial. Et sans le völkisch, pas d'européen."1360 "L'œuvre tout entière de George est au service de cette transformation profonde qu'il subit et qui amène également une transformation étendue et en profondeur de l'Europe. [...] Les Allemands [...]ont changé leur emplacement spirituel sur le continent tout entier. Ils [...] circulent bienheureux et9 Erste Werke.10Heimat und Süden.11Das ganze Reich.12Geheimes Deutschland.13On remarquerait que Brodersen a parfaitement intégré la logique qui part des existentiaux, cf. aussi infra, ad 67.3 satisfaits autour du sud intime. [...] Ils sont le repos qui se transforme, le peuple qui est réellement le cœur de l'Europe." D'où la polarité.61 Brodersen cite, pour affirmer son argumentation à propos du sud, Ernst Moritz Arndt (1769- 1860), sans donner la source de sa citation.62-72 Les plus extrêmes.1462 "[...] déplacement vers le nord du terrain essentiel > créateur de culture et porteur de l'histoire de l'Europe [...] Ce n'est pas un processus purement spirituel et culturel, mais un événement naturel et biologique avec des conséquences spirituelles et culturelles immenses." Brodersen renvoie à Hugo Hassinger, Geographische Grundlagen der Geschichte.66 "[...] cette heure mondiale fait valoir la loi du métissage."67 "Pas de séparation raciale, pas d'analyse, mais synthèse [...] le sang précieux [...] vers l'intérieur de l'Allemagne."1568 Il en résulte la "race des conducteurs sur la mer du nord",16 "la race des fermiers de l'intérieur (race essentiel >)", la race légère du sud (race de vin)". Elles s'unissent et devient ainsi "une synthèse völkisch, allemande et également trans-völkisch européenne." Les "traits des trois races d'origine de l'Europe s'unissent pour devenir des images allemandes éternelles," ce qui correspond aux extrémités qui inclut aussi les juifs.69 "Nous tenons plus spécialement en ces temps à notre devoir de le prononcer de façon indubitable, et nous voulons simplement répondre à ceux qui s'autorisent à faire des reproches au poète : les amis judéo-allemands ne peuvent pas être soustraits de l'œuvre de George ; ils lui ont enseigné l'attention et la compréhension plus subtile et plus sûre d'une ancienne manière et la formabilité pour une manière constamment renouvelé [...]."73-81 La mer.17Brodersen s'exprime fortement contre la civilisation des masses.80sq Il y a trois figures de garçons, nées de la mer. Ce sont les incarnations du destin inévitable et proche, "les puissances de la vie sans lesquelles aucune renaissance n'est possible."14Die Äussersten.15Cf. supra, ad 56.16Allusion aux Vikings ?17Das Meer.4

Pascal Michon, Fragments d’inconnu. Pour une histoire du sujet

La solidarité, aspect sociologique et aspect législatif. Exemple avec le DALO.



À l’heure où, en France s’opère une réforme en profondeur des minima sociaux et où 2010 est déclarée par l’ONU l’année internationale de la pauvreté il est nécessaire de s’interroger sur l’importance de la notion de solidarité dans la réflexion sociologique,  sur les défis auxquels notre système de protection sociale est confronté et sur l’évolution des représentations sociales de la pauvreté que cela engendre. A ce titre la CMU[1], le RSA[2] et le DALO[3] s’inscrivent dans une perspective historique et sociologique de longue durée. Dans cet article je m’attacherai particulièrement à ne parler que du DALO.