Départs et ruptures



Départs et ruptures



Le premier cri, celui de l’expulsion
Les pleurs pour l’école primaire
Petit bébé, on te coupe le cordon
Rangs et règles de grammaire


Adolescent, c’est l’heure de l’internat
Etudiants en colocation
Fin de semaine, on rentre chez soi
Amis, famille, entre devoirs et leçons


Ils ont laissé le foyer
Parti vivre ailleurs
Il faut bien travailler
Trouver une vie meilleure


Nostalgie de l’enfance
Les boîtes laissent place au couffin
A nouveau tout recommence
Autre couplet, même refrain


Les alliances sont éphémères
L’amour n’est pas dans l’anneau
Liens de père et de mère
Un conjoint part plus tôt.


Elle a quitté son enveloppe charnelle
Il est parti loin d’elle
Son âme est encor’en nous
Il sert sa patrie pour vous.


Bébés, enfants, étudiants,
Amants, soldats et marins
Tous employés de l’impermanent
C’est la vie et ses fins.


Isabelle NICOLAS, le 17 juin 2013.

L'anglicisation des universités françaises ou Un remède possible contre la glottophagie



Il est fort probable que d’ici quelques décennies, l’on dise du français que c’est du patois. Ce n’est pas une assertion pessimiste, ce n’est qu’une probabilité, mais tout se met en place pour cela. Nous devrions alors y arriver car les lois actuelles n’y participent-elles pas ? Mais peut-être qu’une probabilité supplémentaire de catastrophe va susciter un réveil, un sursaut fécond qui ouvrira sur de nouvelles voies !
En effet, toute l’Europe (et ailleurs aussi) est atteinte de glottophagie ; pour ne pas être en retard sur ce phénomène, la France veut angliciser ses universités !
Une démocratie n’empêche pas les hégémonies de toutes sortes car le système permet au plus fort de s’imposer dans la douceur d’une illusion portée par les diverses installations insidieuses qui dictent à notre comportement l’attitude qu’il est bon d’adopter. Sous prétexte d’attractivité, on se met à genoux devant son adversaire, on le sert et on se dessert. Cette séduction se paie le droit de se dépouiller d’une partie de son patrimoine pour être à tout prix dans une contemporanéité qui veut conjuguer la mode avec un avenir soi disant prometteur. L’article entend, dans un premier temps, interroger les réactions des associations, des enseignants et de tous les défenseurs de la langue française face à la loi Fioraso[1]. De telles mesures auront un impact social et culturel profonds sur notre société. Aussi, on se demande de quelle manière la société civile peut limiter les dégâts causés par les élus au nom du progrès, de la compétitivité ou d’un autre prétexte digne d’une mauvaise comédie burlesque. Quelle est la crédibilité d’un gouvernement qui semble atteint par le syndrome de Stockholm? Nous affirmons que parler désormais de diversité culturelle et linguistique quand un pays accepte de prendre la langue de l’envahisseur, frôle l’hypocrisie. 
 C’est, en quelques mots, l’arrière-plan de notre proposition principale : Aucune langue nationale n’a la vocation d’être une langue internationale sans porter atteinte aux autres langues. Il existe pour cela depuis 125 ans une langue par essence internationale : l’espéranto.
Par conséquent, l’article s’interroge, dans un deuxième temps, sur cette alternative à l’anglais, conscient que les phénomènes d’acculturation, d’enculturation risquent de nous faire tous parler un néo-pidgin.
Quand commencera-t-on à prendre en considération la dimension linguistique avec le même sérieux accordé jusqu’à présent à la dimension culturelle et économique ?
L’heure n’est-elle pas venue de se poser la question sur le choix d’une langue commune qui ne nous imposera pas l’abandon de la richesse des langues nationales ?


Isabelle NICOLAS, le 28 avril 13



[1] Les meilleurs défenseurs du français ne sont pas dans l’hexagone, ils sont au Québec, en Afrique, répartis sur les 5 continents. L’espoir réside aujourd’hui chez ceux à qui on a imposé le français hier. Le sort est toujours ironique. Peut-être que demain les anglophones défendront le français car ils trouveront que leur anglais n’est plus celui de Shakespeare mais un pidgin sans saveur

Ah, enfin, nous sommes au printemps !




Ah, enfin, nous sommes au printemps !

Ah, enfin, nous sommes au printemps !
Nous l’attendions impatiemment !
Pour mettre les écharpes au placard,
Rester sous les étoiles, le soir,
S’abreuver sous la voie lactée,
Gratter les cordes du pénitencier,
Accueillir l’éros de la vie
Qui fleurit au Jardin des Tuileries
Pendant que les plus Précieuses
Succombent à la fièvre acheteuse.

Oh amour de nos quatre saisons
Qui nous expulse de nos maisons
Nous aimons tous tes bourgeons
Et tes bourgades aux beaux balcons.

Spring, printemps ou bien pritempo
Ta langue est comme l’espéranto ;
Elle réunit les Etres Humains
Et tous en chœur comme un refrain
Les sons, les mots sous la rotonde
Nous sommes dans les couffins du Monde.
Sans souci on vit de sa plume
C’est ailleurs qu’on croise l’infortune.
Le Printemps vaut bien un poème
Et la vie aussi, tout de même !


Isabelle NICOLAS, dans le train de nuit, Nice-Paris, le 23 avril 2013.

« Helpu min, mi petas ! »



« Helpu min, mi petas ! »

Karaj geamikoj, mi bezonas vin. Helpu min ! Mia vivo estas endanĝerita, nur vi povas fari ion por mi. Preskaŭ, ni ne plu vidas min, vi estas la solaj homoj kiu povas paroli pri mi ĉirkaŭ la mondo. Mi scias ke vi tre ŝatas lingvojn, literaturon k t p ; do estas grava afero hodiaŭ.
Sen mi estas tre malfacile por spiri, mi estas la paŭzo, mi estas la blovo, mi estas la ligo. Nuntempe, ni pensas ke ni povas vivi sen mi, sed ne estas la vereco : mi bezonas vin kaj vi bezonas min. Vi pensas ke sen mi, la ideojn estas pli klerajn, tute ne, tute ne ! Estas la kontraŭ.
Mi ne volas trudi vin por uzi min, mi nur volas diri al vi ke se vi ne uzas min, viajn ideojn ne estos pli klerajn, ĝi estos sen rilate. Oh, jes, mi ankoraŭ aperas en la retadresoj, en matematiko sed mi preskaŭ  ne plu aperas en viaj frazoj !
Ču vi pli bone vidas kiu mi estas nun ?

La punkto komo ! : ;

Antaŭe diri ĝis revido, almenaŭ unu foje frazon en la ĉeesto de mi, ĉar se mi estas amata de geesperantistoj mia vivo estos pli longa :

Čiu batalo estas grava : granda, malgranda, ĝi bezonas klerajn homojn ; se ne, kion ni faras tie sekvi kursojn anstataŭ iri ekskursojn ?

Ndlr : No doloro se vi batalas ankaŭ pri mia amikino la notojn de malsuprenaj paĝoj !


Isabelle NICOLAS
Agay, 02 III 11